La piscine Caneton : un patrimoine historique
Susceptible d’accueillir une population de tous âges et de toutes les classes sociales, la piscine est incontestablement l’équipement sportif le plus sollicité par les évolutions de la demande sociale en terme d’activité physique et sportive (APS). Ainsi, aux fonctions traditionnelles et incontournables du sport de compétition, s’ajoutent désormais celles des pratiques de loisirs, des activités de bien-être et du développement du sport d’entretien.
Par ailleurs, les collectivités territoriales ont été historiquement à l’origine du développement des politiques sportives en France en répondant essentiellement aux besoins scolaires en équipements sportifs, notamment des gymnases, afin d’accompagner l’émergence de l’éducation physique comme composante à part entière de l’enseignement obligatoire, notamment sous la IIIe République [1]. Mais avec la défaite contre l’armée prussienne en 1870-1871, les considérations patriotiques et militaires prennent le pas sur les valeurs de loisirs, de bien-être ou d’entretien.





Au travers de l’inscription de la gymnastique dans les programmes scolaires (Poyer, 2007), se pose la question de l’introduction de l’enseignement de la natation à l’école toujours dans la continuité des ambitions hygiéniques et patriotiques qui caractérisent également les premiers choix de l’école de Jules Ferry [2]. L’éducation physique a donc été obligatoire à l’école (1869) avant même que l’école ne soit rendue obligatoire (1882)…
Par ailleurs, si le développement de la gymnastique publique s’est traduit par une croissance d’installations sportives prévues à cet effet, la construction des piscines est plus tardive et la France accuse un retard considérable dans ce domaine par rapport à ses voisins. Ainsi, d’après Le Figaro du 10 octobre 1922, la Fédération Française de Natation et de Sauvetage (FFNS) recense 22 piscines, quand l’Allemagne en possède alors 1362 et l’Angleterre 806…

The Big Oxmox advised her not to do
En rupture avec les méthodes d’enrégimentement qui prévalaient, le gouvernement du Front Populaire [3] (1936 – 1938) amorce une démocratisation des loisirs et du sport, notamment au travers d’une série de réformes sociales. Aussi, dans le but de diffuser et de mettre en œuvre cette conception du sport pour tous, un sous-secrétariat d’État à l’organisation des Loisirs et Sports est mis en place dès 1936. Confié à Léo Lagrange, les objectifs de ce nouveau ministère constituent également une réponse à la montée du fascisme en Europe et, entre autres, à l’embrigadement de la jeunesse qui en résulte…
Nous ne voulons pas que notre action ait pour seul objet de mettre dans les mains de nos jeunes un fusil. C’est en messager de la vie et non pas de la mort que nous voulons nous présenter. D’ailleurs, je suis sûr qu’en agissant ainsi nous servirons à la fois les intérêts permanents et solidaires de la civilisation de notre pays. Nous tenterons de donner à la jeunesse de France les terrains de sport et de jeux, simples et accessibles, dont elle a besoin, en créant l’équipement sportif d’une nation libre.
Discours de Léo LAGRANGE à la jeunesse du 10 juin 1936


